SERENA par Pandolfo et Risbjerg – Sarbacane

Dans les années 30, George Pemberton et sa mystérieuse et jeune épouse Serena dirigent d’une main de fer leur exploitation forestière. L’ambition de Serena n’a d’égal que sa froideur et sa cruauté. L’âme damnée de cette Lady Macbeth moderne, Galloway, veille à ce que nul ne se mette en travers de leur route, politiciens, associés ou concurrents. Dans cet univers sans pitié, qu’adviendra-t-il du jeune fils naturel de George ?

L’écriture de Ron Rash, poète et romancier américain est évocatrice d’images. C’est donc tout naturellement que l’un ou l’autre de ses romans se voit adapter à l’écran ou en bande dessinée. Paru en 2008, Serena a déjà fait l’objet d’une boiteuse adaptation cinématographique par la réalisatrice danoise Susanne Bier en 2014. Pour évocatrice qu’elle soit, l’écriture de Ron Nash n’en est pas moins âpre et acre, comme la terre et l’univers qu’il décrit.

Il fallait donc éviter une adaptation trop lisse et le trait rugueux de Terkel Risbjerg (d’origine danoise, lui aussi) répond tout à fait à cette exigence. Le récit d’Anne-Caroline Pandolfo est fluide avec un sens maîtrisé de l’ellipse et du suspense. Elle nous décrit des personnages qui ont un corps et une âme. Le trio central parvient à insuffler au lecteur une vague de terreur que renforce l’intervention très ponctuelle du surnaturel.

On retrouve, tout au long du récit, que ce soit par le texte ou le dessin un rapport puissant à la nature qui nous a fait penser à un autre très grand roman américain : « Le dernier arbre » de Tim Gautreaux, qui se déroule dans le même sombre milieu.

À fond d’bulles vous conseille donc cet album, sombre et dur, dans lequel on comprend très vite qu’il n’y aura pas de rédemption.

SERENA par Pandolfo et Risbjerg  –  Sarbacane  –  €23,50